Dans notre quotidien d’acteurs de la sécurité civile, la vulnérabilité renvoie à l’objet du secours : victimes, biens, environnement.
La vulnérabilité de l’autre est notre raison d’être à nous sapeurs-pompiers, sapeurs-sauveteurs, démineurs, pilotes de bombardier d’eau ou d’hélicoptère, personnels administratif, technique et de spécialité.
Mais à trop être dévoués à la fragilité de l’autre, à peut-être aussi être trop représentés comme des héros du quotidien, notre propre vulnérabilité en tant qu’individu, reste peu abordée, voire taboue.
Comme si nos uniformes et nos équipements de protection individuels nous rendaient infaillibles, ou comme si le fait d’admettre une part de vulnérabilité pouvait faire de nous de moins bons intervenants.
Si cela était le cas, les fondateurs de notre école n’auraient pas choisi comme symbole cette main sur laquelle est gravée une courte phrase que nous vous engageons à ne jamais perdre de vue « Protège toi de toi même ».
Prenez au sérieux cette responsabilité qui est la vôtre comme encadrants, comme commandants des opérations de secours, de savoir vous protéger de vous-même.
Mieux vous saurez quels sont vos atouts et vos faiblesses, plus vous serez à même de vous protéger de vous-même et en cela de protéger les équipes dont vous aurez la responsabilité. Mieux vous serez aussi conscients de la nécessité, parfois, de laisser un autre vous protéger en prenant une décision que vous ne partagez pas, en donnant un ordre que vous ne comprenez pas.
Terminons cette réflexion en nous appuyant sur la sagesse de nos anciens en citant cette phrase de Sénèque qui fait écho au célèbre héro de la mythologie grecque que sa maman voulait rendre invulnérable en le plongeant dans les eaux du Styx en le tenant par le talon : « Tous les Hommes ne sont pas vulnérables de la même façon ; l’essentiel est de connaître son point faible pour le protéger davantage ».